Cap vers 2030 !

En ce début d’année 2025, l’Icsi lance son nouveau plan stratégique qui se déploiera les cinq prochaines années. Ce plan stratégique est le résultat d’un travail d’écoute et d’échange tout au long de l’année 2024 avec les membres de notre communauté. Ivan Boissières, directeur général de l’Institut, nous présente la vision et le programme pour les cinq ans à venir…

Le conseil d’administration de l’Icsi a validé en fin d’année le nouveau plan stratégique 2025-2030. Pouvez-vous nous présenter la vision choisie pour l’Icsi ?

Ivan Boissières : Ce nouveau plan stratégique est avant tout dans la continuité du plan stratégique précédent, et nous avons choisi de reconduire notre vision : « Mobiliser une communauté plurielle pour prévenir les accidents graves et mortels, et les risques industriels majeurs. Et construire la culture de sécurité du futur ». 
Il s’agit là en réalité d’un double objectif à atteindre pour 2030. Tout d’abord, nous continuons à insister particulièrement sur les risques majeurs – la prévention des accidents graves et mortels (PAGEM) et les risques technologiques – comme thème prioritaire de travail avec nos membres. Car malheureusement, et de façon globale dans tous les secteurs industriels, le nombre d’accidents mortels reste trop important. Aider à réduire ces accidents reste l’une des raisons d’être de l’Icsi.
Ensuite, nous devons continuer à nous préparer aux évolutions de la sécurité, car le contexte industriel change très fortement, embarqué par toutes les grandes évolutions sociétales en cours (nouvelles technologies, crise énergétique et climatique, nouveau rapport au travail, etc.). Avec ce plan stratégique et cette vision, nous confirmons notre mobilisation avec nos membres sur les risques majeurs et la sécurité du futur.

Comment se déploiera la stratégie et quels sont les grands axes de travail identifiés ?

Ivan Boissières : Nous avons choisi quatre axes de travail prioritaires.

Le premier, « Repositionner la sécurité face aux nouveaux enjeux », nous permettra d’ici cinq ans d’intégrer des sujets émergents tels que les nouvelles technologies, les nouvelles vulnérabilités externes, les nouvelles relations au travail, la QVT, la raréfaction des compétences techniques… et cela au regard de notre expertise en matière de culture de sécurité. Les travaux de la Foncsi sur ces thèmes seront pour nous une inspiration, et nous nous efforcerons de les traduire dans la pratique.

Le deuxième axe, « Consolider le socle  de l’Icsi », a pour objectif de moderniser nos supports, d’améliorer notre formalisation et de mieux accompagner nos adhérents à la mise en œuvre d’outils, notamment après la réalisation de diagnostic. Un effort important sera fait pour répondre à la demande d’opérationnalisation de nos membres pour déployer concrètement sur le terrain des programmes sur les FOH, la culture de sécurité, le leadership et la PAGEM – qui forment ce fameux socle d’expertise de l’Icsi.

Le troisième axe, « Innover sur les manières de travailler », nous impose d’accélérer significativement sur l’évolution de nos méthodes internes de travail. En effet, pour accompagner la forte dynamique d’innovation qui touche l’ensemble du monde professionnel, l’Icsi doit développer ses compétences en termes d’utilisation des nouvelles technologies et de nouveaux outils, comme l’IA par exemple. Nous devons également explorer davantage les bonnes pratiques internationales, faire des benchmarks et être à l’affût des nouveaux concepts issus de la recherche.

Enfin le quatrième axe, « Échanger et approfondir la relation avec et entre adhérents », touche à l’ADN de notre association. Nos adhérents nous ont demandé de poursuivre le travail d’échange, de mise en relation qui est au cœur de l’Icsi, et même d’en multiplier les modalités. Notre mission d’intérêt général a également été confirmée et demeure ainsi sanctuarisée. L’Icsi devra poursuivre et augmenter ses actions auprès de l’ensemble des parties-prenantes (organisations syndicales, collectivités, associations & territoires, université & grandes écoles...), avec nos partenaires têtes de réseaux (OPPBTP, AFPCNT, MASE…). Mais également au-delà, en touchant par exemple le grand public. Avec ce dernier axe, le statut associatif de l’Icsi prend pleinement son sens, et nous y tenons.
 

Vous évoquez souvent les membres adhérents et la communauté de l’Icsi. Comment ont-ils été associés à la construction de ce nouveau plan stratégique ?

Ivan Boissières : Nous ne souhaitions pas élaborer ce plan stratégique, seul, en interne. Cette méthode n’aurait pas correspondu à notre identité, celle d’une association au service de ses membres. Et donc, tout au long de l’année 2024, nous avons travaillé avec nos adhérents et partenaires pour construire ensemble un plan stratégique qui réponde à leurs besoins actuels, mais aussi à venir. Nous avons veillé à les intégrer à chaque étape, du bilan du plan stratégique précédent jusqu’à la validation finale lors de nos instances. Nous avons multiplié les modalités de collaboration, via une enquête en ligne, des focus group, des ateliers et analyses en conseil d’administration, en COE et lors de notre assemblée générale annuelle. L’implication de nos adhérents a été forte, en France et en Amérique latine, et nous les en remercions.

Ce plan stratégique pourrait sembler très générique. Pouvez-vous nous donner des exemples concrets d’actions pour cette année 2025 ?

Ivan Boissières : Comme je l’ai déjà évoqué, nous sommes dans la continuité du plan stratégique précédent, même si bien sûr, nous intégrons d’ores et déjà une dimension forte d’innovation dans notre travail. Notre premier souci est d’assurer une transition progressive vers cette nouvelle dynamique. Nous avons donc choisi de nous concentrer pour 2025 sur trois grands projets transversaux.

Le premier est le lancement d’une nouvelle campagne de sensibilisation auprès de notre communauté sur la culture juste et équitable. Il s’agit là d’un des sujets les plus plébiscités par nos membres. Nous effectuerons tout au long de l’année un gros travail d’échange avec nos membres et de formalisation sur ce sujet, de diffusion auprès du public, de déploiement d’outils sur le terrain, etc. Nous savons que ces périodes de campagne sont attendues par notre communauté, et nous vous invitons à bloquer d’ores et déjà le 18 novembre 2025 dans votre agenda – qui sera la date de nos prochaines « Rencontres » à Paris, dédiées à la culture juste et équitable.

Nous avons également choisi de travailler au lancement et au déploiement massif de « serious game » chez nos membres. Ce nouveau type d’outil a maintenant largement fait ses preuves pour aider à la mise en œuvre de programmes culture de sécurité. Nous avons la chance d’avoir développé de très beaux jeux, dont « Voyage au cœur du leadership » et « PRA, l’accident n’aura pas lieu ». Charge à nous cette année de les faire (re)découvrir à nos membres, de les diffuser – gratuitement !  –  et d’accompagner leur utilisation. Ce sont de très bons moyens pour mobiliser le management et les salariés sur les sujets de culture de sécurité !

Enfin, un troisième projet pour 2025 que je tiens à vous présenter est celui lié aux Journées nationales de la résilience, qui auront lieu autour du 13 octobre. À l’initiative de la DGPR et portées par l’AFPCNT, dont nous sommes membres, ces journées ont pour but de mobiliser à une date donnée l’ensemble des parties-prenantes autour de la prévention des accidents naturels et technologiques majeurs. Nous souhaitons nous impliquer fortement dans ces journées et travailler avec nos membres à l’organisation d’actions sur le territoire, dans et autour des sites industriels. Mieux faire connaître les risques et les prévenir est la clé pour se préparer à des catastrophes. L’Icsi compte y prendre une part active, ensemble, avec la communauté, pour continuer à améliorer la culture de sécurité.

Il y aura bien sûr de nombreux autres projets cette année et nous poursuivons l’ensemble de nos activités : l’échange et le partage, la formation initiale et continue, les missions d’expertise et d’accompagnement, ainsi que la diffusion au plus grand nombre des concepts liés à la culture de sécurité. L’année 2025 sera riche, et nous lance pour cinq belles années à venir pour continuer à faire progresser la culture de sécurité, notre bien commun.

Cap vers 2030 ! Et bonne année à tous.