Le dialogue social, au service de la circulation de l’information sur la sécurité
Quand on parle de dialogue social, parler de circulation de l’information est presque un pléonasme… Et pourtant ! Instaurer une communication fluide, descendante et remontante, est un grand défi pour les entreprises. L’Icsi en est convaincue : miser sur le dialogue social fait partie de la solution.
Une culture de la transparence dans le dialogue social : vers une information descendante complète et sincère
La culture de la transparence est un des attributs d’une culture de sécurité performante. Pour une direction, cela va nécessairement passer par une information descendante qui sera transmise notamment par la voie du dialogue social et les représentants du personnel.
Elle peut recouvrir :
- l’état de la sécurité dans l’organisation,
- les problématiques rencontrées,
- les démarches de prévention mises en place dans l’entreprise,
- les priorités stratégiques de la direction pour permettre aux salariés et à leurs représentants de réfléchir et de se questionner sur l'impact de ces priorités en matière de sécurité,
- les projets de transformation, en amont et tout au long de la vie des projets.
Une information complète et sincère est une condition essentielle pour instaurer la confiance avec les représentants du personnel, et in fine un dialogue social de qualité.
Une culture de la participation : vers une information remontante sur le travail réel
Un objectif : lutter contre le silence organisationnel
Le silence organisationnel est le meilleur ennemi de la sécurité . C’est une situation où des informations importantes pour la sécurité sont disponibles au niveau du terrain, mais ne remontent pas et ne peuvent donc pas être prises en compte dans les décisions stratégiques. Instaurer un dialogue sur la sécurité est donc un travail de tout instant pour briser ces mécanismes délétères. La voie du dialogue social, un incontournable pour y contribuer.
Le travail réel au cœur du dialogue social
Les représentants du personnel sont la voix du travail réel. Ils remontent des informations sur :
- des dysfonctionnements dans les services et les collectifs,
- des problèmes de conception, d’utilisation, d’entretien du matériel,
- des situations et conditions de travail détériorées,
- des règles et procédures ambigües, non applicables ou contradictoires,le coût humain de la performance ou lié à certaines décisions ou projets de changement,
- des problèmes de communication,
- etc.
Les salariés et leurs représentants sont les vigies du travail réel. Dans leur travail au quotidien, ils peuvent témoigner de difficultés pour appliquer une consigne de sécurité, d’aléas techniques ou organisationnels impactant les conditions de travail, par exemple une commande imprévue qui vient fragiliser l’organisation de la production… La connaissance du travail réel par les salariés et leurs représentants est une ressource essentielle qui doit être mobilisée lors des prises de décision ».
Bernard Dugué, enseignant-chercheur à l'INP Bordeaux, extrait du webinaire "Dialogue social et culture de sécurité" du 2 avril 2024
Les remontées terrain : un enjeu fondamental pour les représentants des salariés
La remontée d’information n’a d’intérêt que si on en tire des apprentissages pour progresser en matière de sécurité, si on en tire des retours d’expérience. Pour les représentants du personnel, plusieurs sujets peuvent ainsi être au cœur de l’action syndicale :
- Prôner une culture incitative à la déclaration et à l’analyse des évènements, qui cherche à en comprendre les causes (profondes), non à chercher des responsabilités, encore moins à savoir qui doit être sanctionné,
- Encourager la mise en place d’une culture juste et équitable , dans l’idée de lutter contre la peur de la sanction liée à la remontée d’information, mais aussi aux découragements face à un sentiment de laisser-faire, de déviance banalisée et tolérée par le management,
- Militer pour un mode de management résolument participatif, où la discussion, l’échange, l’écoute sont au cœur du fonctionnement du dialogue professionnel ,
- S’engager pour un dialogue social efficient sur la sécurité.
La circulation des informations doit pouvoir se faire, en particulier sur les situations à haut potentiel de gravité, je dirais même à haut potentiel d'apprentissage. Ces événements où il ne s'est rien passé de grave, sont des pépites d'informations, à condition qu'elles soient remontées, qu'on sache les analyser en profondeur, qu'on en tire des enseignements, en toute confiance, pour libérer la parole et comprendre le réel.
Camille Brunel, expert Icsi, extrait du webinaire "Dialogue social et culture de sécurité" du 2 avril 2024