20 ans d'évolution de la culture de sécurité, et demain ?
20 ans d'évolution de la culture de sécurité, et demain ?
Edito
L’Institut et la Fondation pour une culture de sécurité industrielle - l’Icsi et la Foncsi - ont fêté leurs 20 ans le 11 octobre 2023… 20 ans d’engagement pour améliorer la culture de sécurité dans les industries à risque et sur les territoires. Cet évènement a été l’occasion de faire une conférence-bilan sur 20 ans d’évolution de la culture de sécurité.
En 20 ans, beaucoup de choses ont changé, mais il est important de revenir sur une évolution majeure : la prise en compte des facteurs organisationnels et humains dans les politiques de sécurité des industries à risque. Et au-delà de l’usine ou du chantier, il est nécessaire d’interroger la culture de sécurité sur les territoires, avec ses enjeux de participation citoyenne, de concertation et de perception du risque.
Cet évènement était aussi l’occasion de se questionner sur les enjeux de la sécurité de demain, dans un monde qui fera face à de multiples défis : climatiques, géopolitiques, énergétiques, sociétaux… Parce que, quel que soit le monde qui vient, la sécurité des femmes et des hommes dans les industries et sur les territoires restera la vocation de l’Icsi, de la Foncsi, et bien sûr de leurs équipes, adhérents, mécènes et partenaires.
| Partie 1 : Intégrer les FOH et développer la culture de sécurité |
Le développement de la culture de sécurité, avec la prise en compte des facteurs organisationnels et humains (FOH) et la prévention des accident graves, mortels et technologiques majeurs, a été une évolution fondamentale de ces 20 dernières années. L’abandon d’une approche de la sécurité centrée sur la responsabilité individuelle a été acté pour questionner également l’organisation, le management, les collectifs de travail et le partage de la culture de sécurité.
En 20 ans, une meilleure prise en compte des facteurs organisationnels et humains dans la prévention
Dans les années 70-80, la sécurité industrielle a d’abord reposé sur la fiabilité technique des installations et sur la formalisation des systèmes de management de la sécurité. Ces deux aspects de la prévention permettent aux industriels d’augmenter considérablement leurs performances sécurité, et ce jusqu’aux années 2000 qui marquent une période de stagnation. Émerge alors un troisième pilier des politiques de prévention : les facteurs organisationnels et humains (FOH) de la sécurité.
Les facteurs organisationnels et humains : 4 axes pour agir
Intégrer les facteurs organisationnels et humains (FOH) à la gestion de la sécurité permet de favoriser des comportements plus sûrs à tous les niveaux de l’organisation. Les FOH comportent 4 dimensions : l’individu, les situations de travail, les collectifs, l’organisation et le management.
Les FOH en pratique : des projets concrets à déployer dans les entreprises
Passer de la théorie à la pratique est souvent plus facile à dire qu’à faire. Depuis 20 ans, les approches centrées sur les facteurs organisationnels et humains (FOH) de la sécurité sont de plus en plus répandues, mais restent fragiles. Découvrez quelques exemples opérationnels.
| Partie 2 : Construire une culture de sécurité sur les territoires |
Au-delà des frontières de l’usine, du site industriel, du chantier, existe un territoire dans lequel s’inscrit l’industrie. Questionner le territoire et les enjeux de cohabitation entre industrie et société civile, la participation citoyenne ou encore la perception du risque a ainsi été un enjeu majeur de ces 20 dernières années.
D’AZF à aujourd’hui : sur les territoires, une concertation citoyenne à relancer
L’accident de l’usine AZF à Toulouse a été à l’origine de nombreux dispositifs réglementaires, inscrits dans la loi Bachelot de 2003. L’objectif ? Faire de l’information des populations sur les risques majeurs un pilier des politiques de prévention, au même titre que la réduction du risque à la source, l’organisation des secours et la maîtrise de l’urbanisation. L’événement plus récent de Lubrizol à Rouen est de nature différente. Pour autant, le comportement immédiat des riverains du site - qui ne savaient ou ne comprenaient pas ce qui se jouait sur le site industriel - a bien démontré un essoufflement sur le volet de l’information et de la concertation.
L’étude de territoire pour favoriser le dialogue entre citoyens, collectivités et industriels
Diffuser, partager, mettre en commun... autant d’enjeux pour une bonne gestion des risques industriels sur les territoires. La diversité des industries, des contextes locaux et des collectivités génère une grande richesse, mais également une grande complexité. Si l’État diffuse depuis plusieurs années et sur l’ensemble des territoires des modèles de gestions des risques, leur efficacité demeure en demi-teinte. Afin d’éviter certains écueils, un levier simple a été identifié : prendre en compte dans la manière d’envisager le risque, les spécificités locales des territoires. Pour cela, on dispose d’un panel d’outils extrêmement performants : les sciences sociales.
| Partie 3 : Et demain ? La sécurité du futur |
Pour faire face aux nouveaux défis d’un monde qui change, les organisations se transforment : mutations technologiques, énergétiques, nouveaux outils numériques (outils intelligents, big data, IA), nouvelles structures d’entreprises, recours à la sous-traitance et formation de réseaux d’acteurs, relations avec les tutelles… De plus, les enjeux sociétaux se multiplient, dictés par la transition énergétique, le changement climatique et l’évolution des liens au travail. Les compétences, le management, la qualité de vie au travail (QVT), l’emploi ou l’acceptabilité industrielle par les citoyens deviennent encore plus stratégiques.
Comment réinventer demain la place de la sécurité, tout en répondant aux enjeux de mutation des entreprises et de leur acceptabilité sociale ?
Vers un nouveau monde industriel et une nouvelle société du risque
Le monde de demain fera face à de multiples défis : climatiques, géopolitiques, énergétiques, sociétaux… Les industries à risque devront s’adapter à de nombreux changements et un nouveau monde industriel se dessinera au fil du temps. Dans ce monde en transition, la sécurité industrielle devra être préservée. La vision qu’en ont les citoyens est devenue centrale, et ils attendent qu’elle se tienne dans un espace neutre, protégé, transparent et performant.
Quels défis pour la sécurité industrielle de demain ? Des propositions issues de la recherche
Le monde change, tant d’un point de vue technologique, industriel que sociétal ou environnemental. À l’horizon 2040, le paysage de la sécurité industrielle sera probablement lui aussi radicalement bouleversé. Ainsi faut-il dès maintenant penser les nouveaux modes de production, les nouvelles organisations et les nouveaux profils professionnels qui seront nécessaires pour travailler en sécurité. C’est pour anticiper et évaluer l’impact de ces mutations que la Fondation pour une culture de sécurité industrielle (Foncsi) ‒ partenaire historique de l’Icsi ‒ a mené un travail de recherche publié en mai 2023 sur la génération des travailleurs à venir à l’horizon
2030-2040. Les débats qui se sont tenus sur la sécurité du futur le 11 octobre 2023, lors des « 20 ans de l’Icsi et de la Foncsi », sont l’occasion de présenter une nouvelle fois les résultats de la recherche et les défis à relever dans un futur proche.