Réussir la prévention des accidents les plus graves
Comment mettre en œuvre concrètement une politique de sécurité centrée sur la prévention des accidents graves, mortels et technologiques majeurs ? Une chose est certaine : chacun à son rôle à jouer. Le comité de direction, le manager opérationnel et même les sous-traitants. Enfin, de nouveaux indicateurs sont à déterminer, pour piloter et mesure la sécurité.
| Andrew Hopkins et les organisations hautement fiables (HRO) |
Les organisations hautement fiables (HRO) manipulent des matières ou des technologies dangereuses, sont exposés à des risques élevés… et ont malgré tout de très bonnes performances sécurité dans la durée. Comment font-elles ?
Andrew Hopkins, sociologue renommé et professeur émérite à l’Université nationale d’Australie, propose d’en découvrir quelques caractéristiques :
- Particulièrement attentives, elles restent à l’écoute de la moindre défaillance, même et surtout en l’absence de tout accident,
- Elles sensibilisent leur personnel à tout ce qui pourrait être un avertissement,
- Les situations à haut potentiel de gravité, les quasi-accidents, sont analysés de manière aussi approfondie que les accidents, car ils sont considérés comme des occasions d’apprentissage,
- Le management joue un rôle essentiel en encourageant le reporting, et en en valorisant les effets, pour que cela fasse partie intégrante d’une culture partagée.
Sans se calquer sur le modèle HRO, propre à certaines activités et non applicable à tous les secteurs, laissez-vous inspirer, piochez parmi ces bonnes pratiques qui ont fait leurs preuves et n’hésitez pas à en débattre avec vos collègues !
Zoom sur la culture juste
Dans la vidéo que vous venez de visionner, Andrew Hopkins insiste sur la nécessité d’encourager le personnel à être vigilant et à effectuer des signalements des situations inhabituelles. Faire remonter les événements à haut potentiel de gravité, oser partager les nouvelles même quand elles ne sont pas bonnes, demande un véritable climat de confiance. Pour cela, développer une culture juste est un formidable levier.
| 3 acteurs clés : le comité de direction, le manager opérationnel, les sous-traitants |
Le comité de direction
Pour prévenir les risques majeurs, le rôle du comité de direction est essentiel ! Il lui revient de placer la sécurité au cœur de chaque arbitrage.
Cette courte vidéo animée propose de découvrir 4 pistes d’actions pour mieux prévenir les risques majeurs :
- connaître et traiter les situations à haut potentiel de gravité,
- mettre en place et suivre des indicateurs spécifiques aux risques majeurs,
- garantir un système de défense efficace, donner les moyens de suivre les barrières de prévention, récupération et atténuation,
- évaluer et prendre en compte les impacts des changements sur la sécurité.
Le manager opérationnel
Le manager opérationnel joue un rôle essentiel dans la prévention des accidents graves, mortels et technologiques majeurs.
- Préparer le travail : il passe en revue les situations à haut potentiel de gravité et les lignes de défense, identifie les perturbateurs et les parades correspondantes, renforce certaines précautions voire reporte l’opération, prévoit des réunions de coordination avec les entreprises intervenantes.
- Conduire les briefings et débriefings : lors du briefing, le manager parle avec l’équipe des spécificités des opérations et du contexte du jour, rappelle les risques les plus importants et les lignes de défense, fixe des no-go… Il détecte les ressources manquantes (défaillance d’un équipement, absence d'une compétence). Il rappelle l’importance de la vigilance partagée et le devoir d’intervenir, écoute les remarques des opérateurs. Il procède à un débriefing et en profite pour remercier son équipe pour une opération conduite en tout sécurité.
- Animer la remontée d’informations : le manager anime les discussions en équipe sur les risques, la dégradation des barrières, les situations à haut potentiel de gravité, la recherche collective de parades. Il informe l’équipe des suites données aux problèmes soulevés. Il encourage les retours d’expérience.
- Etre présent sur le terrain : Le manager est régulièrement sur le terrain pour connaître la réalité des conditions de réalisation des opérations. Il effectue des revues périodiques de l’état des différentes barrières de défense. Il consacre du temps aux échanges.
L’importance de la relation entre donneur d’ordres et sous-traitants
Les enjeux de sécurité dans le cadre de la sous-traitance sont nombreux, et en particulier en matière de prévention des risques d'accidents graves, mortels et technologiques majeurs. Qui n’a pas déjà entendu les discours classiques sur les grands principes d’une bonne relation entre les entreprises utilisatrices et les entreprises intervenantes ? Mais attention, le diable se cache souvent dans le détail des interactions, aux différentes phases de la relation contractuelle !
La sous-traitance en image
Découvrez l’infographie « Sous-traitance : le diable se cache souvent dans le détail des interactions ».
| Les indicateurs dédiés aux risques majeurs |
Il peut s’agir d’indicateurs de résultats portant sur :
- les événements, accidents et situations à haut potentiel de gravité. Dans les industries de process par exemple : les pertes de confinement (fuites), les départs de feu…
- l’état des barrières : taux de conformité lors des revues systématiques, nombre de shuntages de dispositifs de sécurité, pourcentages de garde-corps conformes,
- les récupérations de situations à haut potentiel de gravité,
- les perturbateurs récurrents ou occasionnels graves.
On trouve aussi des indicateurs d’engagement des acteurs dans la démarche :
- présence de l’encadrement sur le terrain, réalisation des briefings, des revues systématiques de risques et d’adaptation des lignes de défense, suites données aux signalements…
- simulations de situations à haut potentiel de gravité pour les équipes opérationnelles,
- prise en compte de la sécurité dans la relation entreprise utilisatrice/entreprises intervenantes…
Enfin, des indicateurs d’évolution de la stratégie peuvent être mis en place :
- budget consacré à la prévention des accidents les plus graves, à l’entretien ou la mise à niveau des installations…
- avancement des diagnostics et programmes en matière de culture de sécurité,
- mise en œuvre d’une culture juste facilitant la remontée des informations,
- nombre de formations où la sécurité est intégrée comme un incontournable du travail bien fait.
A lire
L'essentiel de la prévention des accidents graves, mortels et technologiques majeurs, une collection en 24 pages synthétiques et illustrées.